L'histoire contée de Port-Vendres
Retrouvez dans son intégralité l'histoire contée de la ville, racontée lors du grand spectacle du bicentenaire.
200 ans d'histoireL'année 2023 est une année exceptionnelle puisque nous célébrons le bicentenaire de notre ville ! Même si l'histoire de Portus-Veneris remonte à plusieurs millénaires - en attestent l'exposition Archeo-Veneris mettant en valeur des vestiges antiques retrouvés dans notre port, refuge naturel pour les embarcations - notre ville est indépendante depuis 1823. Avant cette date, Port-Vendres était rattachée à Collioure. C'est à partir de 1272 que l'on retrouve la mention d'une ville appelée Port-Vendre de Coplioure, cette attestation nous vient de Jacques 1er le Conquérant. Cela nous montre déjà le lien entre les villes de Collioure et Port-Vendres qui étaient une seule et même commune. Le premier personnage historique ayant tenté de faire de Port-Vendres un port moderne est Vauban, qui formule son opinion de façon très énergique : « Je trouve tant d'avantages pour la France à bâtir une place au Port-Vendres, que si je vivais 100 ans, je me ferai un point de conscience d'en proposer la fortification comme une chose qui importe tellement au service du Roi...qu'on ne peut sans indignation concevoir la nonchalance qu'on a eue pour ce port jusqu'à présent et qu'on se soit amusé comme on l'a fait à Collioure » Et voilà comment ont démarré les querelles de voisinage... |
Vauban, fait maréchal de France par Louis XIV, propose tout simplement de démanteler Collioure et de déplacer sa population à Port-Vendres. Il ne fut pas suivi par le ministre de la guerre Louvois qui tenait les cordons de la bourse serrés. Il fallut attendre un autre maréchal, Mailly, pour que soit réalisé le bassin du vieux port, la Place royale de l'Obélisque et que les premiers bâtiments d'envergure voient le jour. Un troisième maréchal de France, Castellane, compléta ces travaux en creusant un nouveau bassin du vieux port au sud. Port-Vendres qui était agrégée à Collioure depuis le Moyen Âge, devint alors commune de plein exercice en 1823. L'année où l'armée Française, envoyée par Louis XVIII, a envahi l'Espagne pour y rétablir l'Absolutisme. La situation de Port-Vendres en faisait un atout stratégique pour l'armée des Pyrénées, massée le long de la frontière. |
En 1860, le 22 septembre, ce fut la tramontane qui offrit une nouvelle opportunité à notre port en obligeant le chef de l’État en personne à lui rendre visite. Le yacht, sur lequel naviguaient Napoléon III et son épouse, fut pris dans une tempête en revenant d'Algérie et dut se réfugier à Port-Vendres. Le journal des Pyrénées-Orientales relate « à une heure et quart, le yacht impérial l'Aigle, quittant une mer houleuse et mugissante, pénétrait dans les eaux calmes et limpides de Port-Vendres ». |
Napoléon III découvrit ainsi les avantages de notre port et le journal des PO de préciser : « l'Empereur a pu juger lui-même combien l'établissement d'un chemin de fer et d'un bassin spécial pour les navires de guerre deviendraient précieux pour l’État, tout en assurant la régularité de ses relations avec l'Algérie ».
Pour quitter Port-Vendres, le couple impérial dut emprunter une calèche car la ligne du chemin de fer n'arrivait qu'à Perpignan. Il était alors question de la prolonger vers l'Espagne et Napoléon III exigea que le tracé de la nouvelle ligne passe par Port-Vendres.
Le train desservit notre commune dès 1867.
Pour quitter Port-Vendres, le couple impérial dut emprunter une calèche car la ligne du chemin de fer n'arrivait qu'à Perpignan. Il était alors question de la prolonger vers l'Espagne et Napoléon III exigea que le tracé de la nouvelle ligne passe par Port-Vendres.
Le train desservit notre commune dès 1867.
Mais il n'y a pas que les militaires qui s’intéressaient à Port-Vendres, à une époque où le bateau et le chemin de fer étaient les seuls modes de transport efficaces, le Roussillon, vit éclore une génération de chefs d'entreprises talentueux, qui allaient générer pour le port un trafic considérable. On a du mal à imaginer aujourd'hui la puissance économique et financière de ces véritables dynasties industrielles et commerciales où se détachent les Violet fondateurs de Byrrh, les Bardou-Job ou les Pams. D'innombrables photos montrent le port débordant d'activités, avec des goélettes amarrées aux quais pour décharger des marchandises diverses et variées. Le Miguel Caldentey, goélette classée monument historique en cours de restauration dans le port, illustre cette grande époque. |
Il fallut encore procéder à de nouveaux aménagements en rabotant la presqu'île pour créer un nouveau quai et une gare maritime inaugurée en 1929 par la Compagnie de navigation mixte et la Compagnie des chemins de fer. Les navires desservant l'Afrique ont alors donné au port un regain d'activité. Dès 1962, les indépendances des territoires d'Afrique du nord marquèrent la fin de cet important trafic et provoquèrent la venue de chalutiers dont certains sont arrivés avec les familles des pêcheurs. |
La pêche au chalut déclinant, Port-Vendres s'est positionné depuis une trentaine d'années dans un créneau bien particulier, le commerce des fruits. Le site est devenu le troisième port fruitier français après ceux du Havre et de Marseille en traitant plus de 300 000 tonnes en 2021 ! A ce jour, c'est la Chambre de Commerce et d'Industrie des Pyrénées-Orientales qui gère le port, propriété du Département. Le parcours des 200 ans de l'histoire moderne de Port-Vendres permet de constater que la ville a connu plusieurs cycles d'activité et qu'elle a su s'adapter à chaque changement d'époque, passant des goélettes, des chalutiers, aux navires fruitiers, aux petits métiers, aux bateaux de croisière et à la plaisance. Tout en accueillant des vagues de réfugiés ou d'exilés qui font ce que Port-Vendres est aujourd'hui. Plurielle, avec une mixité sociale exemplaire, une multitude d'activités où tout le monde trouve sa place et vit paisiblement autour du port. Aujourd'hui, charge à nous d'écrire le premier chapitre de ces 200 prochaines années, charge à nous de continuer de faire évoluer Port-Vendres. |